Le mardi 12 Juin 2018, j’étais invitée à la conférence de presse organisée par la Fondation l’Oréal au sujet des bienfaits des soins de bien être durant un traitement oncologique. L’objectif était de divulguer les résultats de l’enquête qu’elle avait menée en 2017 sur 1100 patients et d’expliquer cet aspect à la presse grand public. Le rendez vous était donné à la Maison des Canaux , Paris 19 ème. Je me suis donc retrouvée avec des journalistes (pas du tout spécialisés sur le cancer) et des acteurs importants dans le domaine de l’oncologie (association, médecins, organismes, etc.).

La socio-esthétique permet de lutter contre les effets indésirables des traitements. Cela concerne le visage, les mains et les pieds, le modelage mais aussi les conseils techniques. Ils peuvent se dérouler en individuel ou en groupe, à l’hôpital ou en ville.
La Fondation l’Oréal est engagée depuis 2007 pour 2 grandes causes : la beauté des femmes et la promotion des femmes dans la science. Ainsi, à l’été 2017, elle a menée une étude inédite sur 1100 patients afin d’en savoir un peu plus sur les soins de bien être en oncologie.
Alexandra PALT – Directrice Générale de la Fondation l’Oréal – nous a présenté les résultats. Il faut noter que la population de cette étude est très majoritairement féminine (93%) et que le cancer du sein est largement représenté (70%). Elle sera prochainement publiée dans le « Bulletin du Cancer », référence dans le domaine de cancérologie.
Le taux de satisfaction global est évalué à 8/10 tout au long du traitement et, 9 personnes sur 10 le recommanderait.
Mais il y a un manque d’offre et de reconnaissance dans le secteur. En effet, moins d’ 1 personne sur 2 en a bénéficié et pire, 1 sur 4 n’en a jamais entendu parler.
Selon l’étude, ce qui ressort en premier est l’importance des conseils (dans 86 % des cas), vient ensuite la détente et le bien être (84%).
« La beauté permet de réconcilier le corps et l’esprit »
Sur le plan émotionnel, ses soins permettent de moins penser à la maladie (39%), d’améliorer l’image de soi (34%), mais également d’échanger et de discuter (31%).
L’étude permet aussi de montrer que les patients apprécient plus les soins dans un espace dédié (en ville ou à l’hôpital) que dans les services d’oncologie. Les soins individuels et collectifs sont tous deux appréciés (pour des raisons très différentes).
Malheureusement, 32% des patients qui avaient connaissance de ces soins n’ont pas pu en bénéficier, principalement faute de disponibilité dans leur hôpital.
Pourtant dans 67% des cas, c’est un professionnel de santé qui a orienté le patient vers ce type de soins.
C’est là que la Fondation l’Oréal intervient pour permettre au plus grand nombre de patients de pouvoir accéder à des soins de beauté et bien être. Elle met ainsi en place des partenariats avec des structures hospitalières comme Unicancer, ou des associations, comme Rose Association. Ainsi en 2017, 48 structures en cancérologie proposaient ce type de soins et 6500 patients des centres Unicancer ont pu en bénéficier gratuitement. L’objectif est que d’ici 2021, tous les centres Unicancer puissent mettre en place ces soins et que 30% des patients y aient accès (contre moins de 10% actuellement).
Le Professeur Ivan KRAKOWSKI – Oncologue médical à l’institut Bergonié – Président de l’AFSOS – a précisé qu’il est important de prendre en charge les symptômes liés à la maladie.
La socio-esthétique est née au début des années 1960 : la 1ère socio esthéticienne a été recrutée en 1964 par un hôpital français. Dans les années 70 – 80, on a commencé à s’intéresser aux soins de support en oncologie. L’AFSOS a vu le jour dès le début des années 2000.
L’AFSOS (Association Francophone des Soins Oncologiques de Support) est une société savante et une association scientifique, pluridisciplinaire et pluriprofessionnelle qui a pour objectif de servir de lien entre les professionnels de la cancérologie et ceux des soins de support.
Depuis le plan cancer 2003, les soins de beauté et de bien être sont reconnus comme « soin oncologique de support ».
De plus, il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, on tend de plus en plus à des hospitalisations courtes, en HDJ et que dans les années à venir, cela va encore plus se développer. Il est donc important de penser au bien être du patient en dehors de l’hôpital, avec des soins et des structures adaptées.
Le Docteur Mahasti SAGHATCHIAN – Oncologue médicale à l’Institut Gustave Roussy et à l’hôpital Américain de Paris – nous rappelle qu’à l’heure actuelle, en France, on compte 59000 cas de cancer du sein par an. Avec un taux de guérison de 80%. Et plus largement, 399500 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqué chez l’adulte en 2017.
Le taux de satisfaction qui ressort de cette étude est énorme car il apporte un bien être aux patientes. Il est important d’analyser si les patientes préfèrent les soins en solo ou en groupe, pendant ou après les traitements, etc. Cela afin de répondre aux mieux à leurs attentes et de ne pas commettre d’erreurs. Par exemple, pendant la chimio, les soins du visage, augmenteraient les nausées chez les patients….
Pascale FLAMANT – Directrice Générale d’Unicancer – nous explique le partenariat avec la Fondation L’Oréal.
Unicancer est un réseau d’établissement de santé dédié au cancer. On compte 20 sites en France (1 dans chaque grande métropole) qui prennent en charge 500 000 patientes par an (dont 30% de cancer du sein et 20% de cancer gynécologique). Mais, seulement 8 à 10% bénéficient des soins de support. Actuellement, 9 centres Unicancer ont un partenariat avec la Fondation l’Oréal. L’objectif est d’atteindre les 20% la deuxième année puis 30% par la suite.
Il est important de former les soignants pour savoir par exemple, à quel moment il est opportun de proposer les soins socio-esthétiques (pendant les traitements ou après ?).
« Nous sommes fières aujourd’hui de pouvoir offrir un tiers-lieu à des femmes qui en ont vraiment besoin. Nous avons suivi dans son élaboration le même cap que pour Rose Magazine : rester femme pendant la maladie et la gratuite, tout cela décliné dans une maison ! »
Céline Lis- Raoux
Céline Lis Raoux – Cofondatrice de l’Association Rose.
La Maison Rose, créée en 2016, dans l’hypercentre de Bordeaux (de façon à être très accessible) accueille 600 femmes / mois, en priorité pour des soins de beauté (en individuel ou en groupe). C’est un lieu unique en France qui permet aux femmes de s’y sentir bien, d’échanger. Selon Céline, ce qui est le plus remarquable est le regard des patientes sur elles-meme quand elles ressortent de ces soins. Les femmes s’y redécouvrent et ne voient plus que la maladie.
Les conseils sur les effets secondaires des traitements, le syndrome main pied, le maquillage et l’auto-correction sont aussi des ateliers très demandés.
Céline qui a elle-même été touchée par un cancer du sein il y a 10 ans a tenu à rappeler (très justement) que lorsqu’on est à l’hôpital, toutes les personnes qui rentrent dans la chambre viennent pour nous piquer (prise de sang ou chimio), nous faire passer des examens désagréables, etc. Bref, que des choses pas très agréables. Souvent, le côté intime en prend un coup aussi. Il n’y a donc que la visite de la socio-esthéticienne qui est un moment agréable pour la patiente ; un moment où on s’occupe d’elle, où on prend soin d’elle. Et ça c’est vraiment très important !
« Lorsqu’on est malade, la beauté n’est pas futile, elle est vitale »
Julie Meunier
Ensuite, afin d’apporter des témoignages, Julie Meunier – Fondatrice des Franjynes – a expliqué son parcours avec la maladie et ce que les soins socio-sthétiques lui ont apporté. Elle en retient encore aujourd’hui les conseils prodigués pour les différents problèmes (mains- pieds, sécheresse, etc). Ces soins ont rythmés ses journées durant les longs mois de traitement et lui ont permis de se réapproprier son corps.
« Ce qui m’anime et me passionne dans mon travail auprès des patients, c’est le lien de confiance tissé au fil des séances. C’est ce lien qui permet d’accéder à un rapport authentique, vrai et sincère »
Cécile Grosjean
Cécile Grosjean – Socio-esthéticienne au Centre Antoine Lacassagne – nous a expliqué la difficulté de la profession où la plupart ont un statut d’auto-entrepreneurs et interviennent pour des hôpitaux ou des associations. Actuellement, en France, on compte 1200 Socio esthéticiennes, réparties inégalement sur le territoire.
Et, pour la petite anecdote, Cécile était la socio-esthéticienne de Julie et, c’est un pur hasard, qu’elles se soient retrouvées cote à cote pour cette conférence de presse.
Et vous, avez-vous bénéficié de ce type de soins pendant ou après vos traitements ? Qu’en avez-vous pensé ?
Je vous mets quelques liens utiles………..
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