Interview de Julien Samson

Julien Samson est un athlète. Pourtant, quand il apprend qu’il a un lymphome, il reste fixé sur son objectif et continue de s’entraîner pendant les traitements. Cela n’a pas été facile tous les jours mais il a réussi.  Avec un discours très positif et un mental d’acier, il nous raconte son parcours.

 

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– Peux tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Julien Samson, j’ai 25 ans. Je suis athlète de niveau dans le domaine de la course à pied. Spécialiste du 3000m-5000m, cross-country.
Je suis également l’un des survivants du cancer.

– En août 2015, on te diagnostique un lymphome de Hodgkin. Comment as tu découvert la maladie ? As tu eu des symptômes ? 

Effectivement en Août 2015 j’apprends que je suis touché par un lymphome de Hodgkin, de stade 2.
J’avais fait 1 mois de repos sportif comme tout les été, puis j’ai repris les entraînements. Dès le premier footing ce jour là, j’ai compris que quelque chose n’allais pas dans mon corps…
J’avais des douleurs thoraciques et des sueurs nocturnes. Je consulte un cardiologue pour un contrôle basique car légèrement inquiet mais sans plus. (Je ne suis pas quelqu’un qui me soigne quand je tombe malade en général).

Travaillant dans le service de la radiologie à l’hôpital Ambroise Paré, à Boulogne Billancourt, j’ai des facilités à obtenir des examens et j’ai de bons contacts avec les médecins avec qui je travaille au quotidien.
Le praticien me fait passer une échographie cardiaque ainsi qu’un électro cardiogramme mais rien à signaler. Il m’examine de plus prêt et me détecte un ganglion au niveau du cou. Il m’oriente immédiatement vers un de ces confrère dans l’hôpital, un médecin spécialisé et adapté au problème rencontré.
Une cytoponction le jour même pour analyse du ganglion, puis c’est le bloc opératoire sous anesthésie générale deux jours plus tard pour une biopsie dans le but de connaître le traitement et le protocole à utiliser dans mon cas.
Dans mon malheur, beaucoup de chance d’avoir une prise en charge très rapide.

– Quel traitement as tu eu ? Comment est ce que ça s’est passé ?

J’ai eu de la chimiothérapie avec différentes cures plus ou moins fortes puis une vingtaine de séances de radiothérapie pour conclure mon programme de soin.

Les médecins ne voulaient prendre aucun risque sur une éventuelle récidive par la suite. Ils ont mis le paquet !
Mon corps a plutôt bien supporté les traitements puisque que j’ai pas eu de vomissements, aucune hospitalisation par la suite, seulement un épisode fiévreux assez douloureux mais rien d’autre.
J’ai eu la chance d’avoir des infirmiers qui venaient à la maison pour mes cures de chimiothérapie ainsi qu’un taxi conventionné pour les trajets pour me rendre à l’hôpital pour mes séances de radiothérapie. Tout me paraissait simple, j’avais juste qu’à me laisser guider et faire confiance aux médecins. De mon côté, rester fort et continuer à m’entraîner pour garder la forme.
Ma première question au médecin, à l’annonce de cette maladie. Est-ce que je vais pouvoir continuer à m’entraîner !? Mon niveau va t-il diminuer ? Beaucoup d’autres patients auraient certainement  demandé, est-ce que je vais m’en sortir ? Je ne vais pas vous le cacher, bien sûr qu’ il y a eu ces moments de doutes car on est humain avant tout. Et puis il y a 20% d’échec dans ce genre de cancer, mais j’étais confiant ! Il me fallait juste suivre correctement les traitements et rester solide.

– Durant cette période, tu as continué  à courir et à t’entraîner. Comment as tu fait ? Est ce que ton mental d’athlète t’a aidé  ? 

Oui j’ai continué à courir, tout les jours. Le lendemain de la biopsie je ne pouvais pas tourner la tête correctement mais c’était pas grave, j’avais besoin d’aller m’entraîner. Je ne me posai pas trop de question, pour moi c’était une évidence de continuer mon activité physique.

J’avais besoin de m’évader, oublier la maladie, voir du monde. J’avais l’impression d’éliminer tout les produits qui étaient en moi. Après l’entraînement j’étais fatigué mais heureux et fière de moi. Je me couchais satisfait. J’avais la sensation de me sentir vivant !
J’ai une anecdote pour vous :
Ce matin là, j’avais ma cure de chimiothérapie à domicile, mais j’avais aussi entraînement à la même heure, une séance de côtes. Je me suis arrangé avec l’infirmier qui devait venir ce jour là pour qu’il vienne plus tard. Je suis donc allé faire ma séance puis je suis rentré, une douche et je me suis installé sur le canapé pour recevoir ma cure de chimiothérapie.
Est-ce que c’était raisonnable ? Je sais pas, mais j’ai pas réfléchi à tout ça sur le moment.
Le sport a été ma thérapie, c’est certain !
Avec du recul j’ai peut être pris certains risques. Le système immunitaire très affaibli, je pouvais faire un choc septique seul dans la forêt. Mais qu’importe, j’ai fait ce qu’il me plaisait sans m’imposer de limite. Y avait pas de règle !

J’ai d’ailleurs eu un certificat médical auprès du médecin qui me suivait pour pouvoir faire ma licence sportive. C’est là où j’ai compris qu’il n’y avait aucune contre indication à la pratique sportive.
Je ne voulais pas perdre tout le niveau que j’avais accumulé et le travail effectué durant toutes ces années à l’entrainement. J’ai donc cherché à m’entretenir au maximum en ajoutant par exemple des séances de musculation 2 à 3 fois par semaine pour compenser la fonte musculaire dû à la toxicité des médicaments. Même si j’avais l’impression de remplir un verre percé tout les jours…
J’ai finalement eu raison de poursuivre l’activité physique et de continuer malgré les difficultés, cela m’à permis de revenir rapidement à mon niveau et même pouvoir progresser, à ma grande surprise.
Un an jour pour jour après la fin des traitements, je me hisse à la 3ème place des championnats de France Elite sur 3000m à Bordeaux ! Qui l’aurait cru ce jour là, à l’annonce de ce cancer ?
Mon mental d’athlète a joué un rôle très important dans la guérison et dans la façon d’ appréhender la maladie, c’est certain ! Je suis quelqu’un qui ne fume pas, qui ne bois pas d’alcool, pas de grignotage. Et pourtant ça m’est tombé dessus. Comme quoi ça ne veut rien dire, c’est aléatoire et personne n’est à l’abri malheureusement. Mais mon hygiène de vie y est pour quelque chose dans la manière de réagir aux traitements administrés.

– L’entraînement durait combien de temps ?

L’entraînement durait environ 2h au total avec l’échauffement, la séance et les étirements.

– As tu pris des compléments alimentaires pour t’ aider durant les traitements ?

J’ai pris aucun complément alimentaire.

Pour moi, j’avais suffisamment de médicaments à avaler, il fallait penser à tout ça en priorité. Je n’ai pas trouvé nécessaire de rajouter d’autres contraintes à mon quotidien. Et puis je ne voulais pas faire vivre les cellules cancéreuses.

Mon complément, c’était le sport uniquement !

– Au niveau de la fatigue ça se passait comment ?

J’ai demandé énormément à mon corps pendant cette période.

Il se battait contre la maladie et les traitements que je recevais le fatiguait.

Il se défendait également des éléments extérieurs mais en plus de ça moi je lui rajoutais quotidiennement ma charge d’entraînement.

Je dormais beaucoup la nuit et je faisais des siestes pour recharger les batteries, c’était quelque chose d’obligatoire !

– as tu eu des douleurs osseuses ou as tu  été épargné ?

Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu des douleurs osseuses. Les nausées ont été compliqué pour moi car je suis quelqu’un qui aime manger ! Et j’avais perdu tout les goûts des aliments et la perte d’appétit.

J’ai gardé des fourmillements dans le bout des doigts pendant un moment après la fin des traitements.

Je n’ai pas eu de séquelles mis à part la cicatrice sur mon corps qui me rappelle au quotidien par où je suis passé. Il faut apprendre à vivre avec. Cette histoire fait parti du personnage à présent. Rien ne pourra l’effacer.

– On sait que « L’après cancer » est une periode generalement difficile a vivre. Comment l’as tu vecu ?

C’est vrai, on dit que l’après cancer est une période difficile à vivre car on se sent délaissé , on n’ a plus autant d’attention que pendant la maladie.

Pour moi, ça a été un nouveau départ. C’est comme si on avait tout détruit pour tout reconstruire, un « reset » ! Je suis devenu quelqu’un de meilleur sur tous les point de vue. Et puis j’avais une revanche à prendre sur la vie.

Un mal pour un bien : La vie parfois nous réserve certaines surprises, quelles soient positives ou négatives, il y a toujours du bon à en tirer.

– Et maintenant, où en es tu ? Quels sont tes projets ?

Ce passage difficile de ma vie m’a fait grandir et prendre du recul. Je relativise sur beaucoup de choses dorénavant.

Je suis quelqu’un de plus fort aujourd’hui dans la vie en générale. Des choses qui m’atteignaient auparavant ne m’atteignent plus actuellement.

Dans mon malheur, énormément de choses positives ! Je savais qu’il fallait être fort pendant cette période et que tôt ou tard je serai récompensé !
Je suis maintenant en bonne santé et je m’épanoui dans mon sport mais surtout je prend beaucoup de plaisir à vivre comme une personne normale qui profite de la vie !
Quand on veut quelque chose, il faut se donner les moyens de l’obtenir.

Mon seuil de tolérance a augmenté et j’encaisse plus facilement les efforts prolongés maintenant !

Je n’ai plus peur de me faire mal à l’entraînement.

Je me dis souvent, qu’est-ce qu’il peut t’arriver de toute façon ? Je suis devenu plus combatif.
Je dois dire que j’ai été reboosté par cette épreuve et j’ai envie de montrer à mon entourage, à tout les gens qui m’on soutenu ainsi qu’à moi-même que je ne suis pas mort !
J’ai pour projet, l’equipe de France ! Porter ce maillot sera la plus belle de récompense ! Et l’objectif à long terme c’est les Jeux Olympiques à Paris en 2024 !

Julien on te souhaite plein de belles victoires à  venir et on sera là en 2024.

Je pense (Et j’espere) que ton histoire va remonter le moral de certains et donner de l’espoir aussi…

 

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