Préservation de la fertilité – Chapitre 3 : Les hommes et les enfants

On en parle beaucoup moins (car un peu tabou) mais il y a aussi la préservation de la fertilité chez les hommes. En ce qui les concerne, les techniques sont beaucoup plus simples et moins contraignantes.

En ce qui concerne les enfants ou adolescents, le sujet est compliqué et les techniques encore pas très au point mais il faut quand même aborder le sujet afin de connaître les risques sur la longue durée.

– Chez les hommes

La conservation des spermatozoïdes doit être systématiquement proposée pour tout homme de moins de 60 ans, quel que soit le caractère stérilisant ou non du traitement car une intensification thérapeutique secondaire est toujours possible. On compte 180 000 nouveaux cas de cancer chez l’homme chaque année et environs 2 000 autoconservations de sperme. Chez les adolescents, les chiffres s’améliorent mais restent plus faibles que chez l’adulte.
Une autoconservation des spermatozoïdes est proposée à partir de 12 ans (qu’on soit célibataire ou en couple) ; au préalable, on fait un prélèvement du tissu testiculaire.
Comme pour les femmes, les agents les plus toxiques sont le Cyclophosphamide et le Procarbazine. Dans le cas d’un Lymphome Hodgkinien, le traitement par ABVD comporte un faible impact sur la fertilité. Par contre, pour les LNH, l’impact sur la fertilité dépend du stade, du traitement et de la greffe (si elle a lieu) ; c’est pourquoi on propose systématique la préservation.

Pour le moment, contrairement aux femmes, le lien avec l’âge n’est pas prouvé.

Pendant les traitements, on peut observer différents phénomènes :
– Baisse de la testostérone.
– Possibilité de grossesse (mais rare) : utilisation d’un contraceptif car risque de malformation fœtale.
– Oligospermie (= baisse des spermatozoïdes)
– Azoospermie (= baisse des spermatozoïdes dans le sperme).
A long terme, on peut observer des troubles de la sexualité, de l’ostéoporose, diminution de la fertilité voire stérilité.

– Autoconservation du sperme :
Afin de faire le prélèvement, les conditions nécessaires sont :
– Sérologie obligatoire (HIV, Hépatites B et C, Syphilis)
– Les 3 jours d’abstinence ne sont pas nécessaires.
– 2 ou 3 prélèvement dans l’idéal. En cas d’urgence thérapeutique, un seul prélèvement.
– L’autoconservation peut être réalisée en urgence, y compris le samedi.
– Pas d’autoconservation après le début des chimios.

Il existe plusieurs techniques afin de réaliser le prélèvement :
– Aide médicale à l’érection
– Stimulation par vibromasseur
– Stimulation électrique (sous anesthésie générale) : Mauvaise qualité du sperme recueilli.
– Prélèvement chirurgical : Mauvais résultat et risque d’hématome testiculaire important.

Une fois le prélèvement effectué, le sperme est analysé avant d’être congelé. Il est ensuite conditionné en plusieurs paillettes afin d’être réutilisé pour un projet parental. Il y a une procédure d’identification et de stockage stricte. Le prélèvement est ensuite conservé dans de l’azote liquide à -196°C. Il faut savoir qu’actuellement il est possible d’avoir une grossesse avec du sperme congelé depuis plus de 30 ans !

A l’issue des traitements, on propose un spermogramme pour évaluer la reprise de la fonction reproductive. On le fait généralement 1 an après la fin des traitements avec une consultation au CECOS. Un dépistage d’un déficit endocrine sera mis en place en fonction des signes cliniques et/ou types de traitements effectués. Pour certains patients, un dépistage de troubles sexologiques sera proposé et une aide sexologique apportée si besoin.

Attention, durant les traitements par chimio, il est recommandé d’utiliser des préservatifs. En effet, il y a un risque de passage des produits via le sperme. Cela pourrait avoir un risque potentiellement mutagènes en cas de grossesse. En terme de durée, il n’y a rien de vraiment défini. Toutefois, on considère que le risque existe pendant 1 an si on n’a pas reçu d’Alkylants (c’est-à-dire pas de Cyclophosmaphide par exemple) ; 2 ans si Alkylants ou radiothérapie avec impact sur les testicules.

Lorsque le projet parental est décidé, on peut avoir recours à une AMP (= Aide Médicale à la Procréation). Il existe 2 techniques :
– Insémination intra-utérine :
Pour cela, il faut qu’il y ai plusieurs échantillons de sperme congelé et de bonne qualité. Pour que cela ai des chances de fonctionner, il faut recueillir au moins 1 Millions de spermatozoïdes mobiles après la préparation du sperme ou des paillettes.
– Fécondation in-vitro :
Cela consiste en une stimulation de l’ovulation afin d’obtenir une dizaine d’ovocytes qui seront ensuite fécondés au laboratoire. Les embryons seront ensuite transférés dans l’utérus. Ceux en plus (si il y en a) pourront être congelés en vue d’un transfert ultérieur.

Témoignage de Karim :
J’ai été diagnostiqué en Septembre 2005. A cette époque, je n’avais que 24 ans et pas d’enfants .
J’étais en couple et, lorsque nous avions appris que j’allais subir une chimiothérapie suivie d’une radiothérapie, nous nous sommes renseignés sur les effets secondaires. On nous avait dit que les traitements pouvaient me rendre stérile ; ce qui je ne vous cache pas m’a fait peur. J’ai décidé de demander directement à mon médecin qui m’a vivement conseillé de faire une congélation de sperme avant de commencer le traitement. J’ai donc décidé de faire cette congélation. Ce fût un moment gênant mais, ils ont su me mettre à l’aise. Mon médecin m’avais aussi dit que même si le traitement ne me rendais pas stérile, il faudrait 3 ans après ma dernière chimio pour faire un enfant. Lorsque que nous avions décidé d’avoir un enfant, en 2008, j’ai fait un test de fertilité et finalement tout allait bien ! Je n’ai donc pas eu besoin d’utiliser la congélation et j’ai pu avoir un enfant normalement. Ma fille est née en décembre 2010 et j’ai eu un deuxième enfant en septembre 2013.

En cas d’infertilité suite aux traitements, il est possible de faire une demande de don de spermatozoïdes.
En 2015, 255 hommes ont fait un don de spermatozoïdes permettant la congélation de plus de 12038 paillettes. 971 enfants sont ainsi nés suite à ces dons.

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– Chez les enfants et jeunes adultes

La loi précise que tout enfant ou personne en âge de procréer doit faire l’objet d’une discussion entre le service d’Oncologie / Hématologie, le Centre de préservation de la fertilité et le patient. L’autorisation des parents est donc nécessaire pour faire une préservation.

Les produits qui sont les plus toxiques sont les mêmes que pour les adultes. La radiothérapie pelvienne ou l’irradiation du corps total est également toxique.

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De façon générale, à l’issu des traitements, on fait une surveillance sur le développement pubertaire.

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→Chez les jeunes filles :

L’aménorrhée (= Absence de règles chez une femme en âge de procréer) n’est pas rare mais une restauration reste possible à l’arrêt des traitements.

Avant la puberté, la seule préservation possible est l’autoconservation du cortex ovarien.

En ce qui concerne la toxicité, il semble que l’Endoxan (Cyclophosphamide) et l’irradiation corps totale soit plus élevée chez les jeunes filles pubères (mais non confirmé ! ).

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→Chez les garçons :

L’autoconservation des spermatozoïdes est faisable à partir de 12 ans ; avant, on propose une conservation du tissu testiculaire.

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J’espère que cette série sur la préservation de la fertilité vous a permis d’y voir un peu plus clair et de répondre à certaines de vos interrogations sur le sujet. N’hésitez pas à en parler avec votre hématologue et/ou avec le spécialiste ; ils pourront vous informer car chaque cas est différent.

Sources :

https://www.revmed.ch/RMS/2014/RMS-N-447/Techniques-de-preservation-de-la-fertilite-chez-la-femme-en-age-de-procreer

https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/techniques-preservation-fertilite

https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/techniques-preservation-fertilite

https://www.aphp.fr/sites/default/files/referentiel_preservation_de_la_fertilite_2016_2.pdfhttp://www.oncorif.fr/2017/11/preservation-de-la-fertilite-et-cancer-estimation-de-la-population-concernee/

http://www.dondespermatozoides.fr

http://www.francelymphomeespoir.fr

http://www.ligue-cancer.net

http://www.jim.fr

http://www.afsos.org

http://www.cecos.org

http://www.inserm.fr

http://www.cliniqueovo.com

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