Le jour où…. Anne….

Aujourd’hui ça fait un an, un an jour pour jour que ma vie à « basculé ».

Ce jour je ne peux pas l’oublier et, je ne veux pas l’oublier. Pourquoi ? Parce que la maladie ça donne une nouvelle vision des choses, ça transforme et ça donne de nouvelles forces ! On croit souvent que ce n’est pas possible, que ça ne peut pas nous arriver…. eh bien si ! Petit retour en arrière … Ce jour-là, lundi 13 mars 2017, je travaillais à la maison. Je ne me sentais pas très en forme, j’avais une toux depuis mon dernier rhume qui traînait, une sensation de tête congestionnée et j’étais fatiguée car je n’arrivais pas à dormir. Bref des maux d’hiver quoi. Enfin dans mon esprit, je faisais l’association comme ça d’autant que j’avais, depuis quelques mois, une névralgie cervico-brachiale (en gros des douleurs dûes à un nerf qui est comprimé) qui ne se soignait pas vraiment et qui rendait mes nuits et mon quotidien compliqué (pour moi c’était lié à de mauvais gestes durant les travaux…). La seule chose inhabituelle, c’était les veines du cou et de la poitrine qui étaient un peu plus apparentes que d’habitude. Mais bon, honnêtement, je pensais me faire des idées et j’étais à mille lieues d’imaginer ce que j’allais découvrir !

En fin de matinée, je suis allée chez le médecin, il n’a rien entendu à la consultation et m’a diagnostiqué une sinusite et une trachéite peut être à tendance asthmatique. En début d’après-midi, je me rends donc à la pharmacie pour récupérer mes médicaments et, c’est là que j’ai commencé à me sentir mal (tête qui tourne, vertiges, etc…). La pharmacienne me fait asseoir par terre dehors. J’étais trop couverte et il faisait chaud, je ne m’inquiète pas car c’est pas la première fois que ça m’arrive de faire un malaise vagal. Comme je me sentais mieux, elle m’installe sur une chaise, le temps d’aller me chercher un verre d’eau, je la vois s’éloigner et après, c’est le trou noir ! Quand je réouvre les yeux, probablement quelques instants plus tard, je ne comprenais pas du tout. Sous ma joue c’était rugueux, j’avais mal au nez et je sentais quelque chose couler, il y avait pleins de visages au-dessus de moi qui s’agitaient. Je vais mettre quelques instants à réaliser que j’étais tombée de la chaise la tête la première sur le paillasson de la pharmacie. Après avoir repris mes esprits, comme je n’avais pas la possibilité de trouver quelqu’un pour me ramener chez moi, une heure plus tard, une ambulance vient me chercher, pour me conduire aux urgences pour faire un examen de contrôle. A ce moment là, ma première pensée c’est « Zut, je vais y perdre mon après midi ! ». L’ambulancière relativise la situation en me disant « Oh, n’inquiétez pas vos proches, ils vont juste vous faire un petit contrôle standard et ce soir vous serez chez vous ». J’avais quand même des amis au courant car je les avais contacté pour me ramener chez moi. Après un peu d’attente, on m’a fait une prise de sang, puis un radio. Bonne nouvelle mon nez n’est pas cassé ! Ouf ! Vers 22h, les résultats de l’analyse arrivent. Je me souviens de l’interne « Vos analyses sont bonnes sauf un taux les D-dimères … On va quand même faire un scanner par précaution mais ne vous inquiétez pas d’ici une heure vous serez chez vous ». Je descends au scanner, on me fait l’examen et là, quand la radiologue revient, je comprends qu’il y a un truc qui cloche quand elle me demande de m’asseoir dans une chaise roulante. À demi mot, elle me dit « L’examen ne s’est pas passé comme il faut, le produit est allé à droite, à gauche mais ça passe pas au milieu, il y a un truc qui gêne, je vais appeler l’interne ». Il arrivera quelques instants plus tard, un peu embêté il me dit « Désolé, mais vous allez devoir rester quelques temps avec nous, vous avez une masse dans le thorax, on va vous installer dans une salle d’observation le temps de vous transférer dans un autre hôpital ». Bizarrement, j’étais complètement abasourdie, un peu dépassée par les événements à ne pas trop savoir quoi penser/dire. Dans la nuit, on va me transférer dans un autre hôpital. J’appellerai alors mes parents qui étaient en vacances au Sri Lanka. Je vous laisse imaginer combien c’est terrible d’appeler mes parents pour leur dire en gros  »Maman, papa, ça va ? Vous passer de bonnes vacances ? Eh bien moi je suis à l’hôpital, j’ai une masse non identifiée entre le coeur et les poumons, on ne sait pas encore pourquoi mais “ça va” je n’ai pas mal ». Le mardi j’aurais une biopsie puis j’irais dans un service de chirurgie thoracique.

Le vendredi après-midi, la chef du service vient me voir avec d’autres personnes… j’ai immédiatement compris que j’allais enfin avoir des réponses… C’est là que j’ai appris que j’avais un lymphome qui est à l’origine de la fameuse masse qui fait environ 10 cm au niveau des ganglions du médiastin (déni ou pas je n’ai pas tout de suite compris que c’était un cancer). Je comprends quand même que j’ai eu la chance aux urgences d’avoir des medecins / internes perspicaces car la masse étant sous la cage thoracique, elle était indétectable sans des examens poussés.
L’annonce reste un choc mais positif  »On a de bons résultats avec de la chimiothérapie ». 1ere réaction de ma part « Oh, mais je vais perdre mes cheveux !? » ; Bizarrement le pourquoi du comment de cette maladie je ne me posais pas vraiment la question (ce qui a un peu compliqué les choses avec mon entourage car, du coup, j’avais du mal à expliquer ce que c’était).

Le dimanche, je suis transférée en hématologie. C’est là que petit à petit, au fil des examens j’ai pris conscience que la masse avait mis un sacré bazar dans mon corps : elle a fait des pressions à différents endroits d’où ma toux, ma veine cave supérieure était sous pression du coup c’est des veines plus petites qui avaient pris le relais mais elles étaient un peu saturées et j’avais un début d’épanchement péricarde. Bref, si on avait laissé les choses ainsi, ça aurait pu devenir bien plus grave.

Le mardi/mercredi, j’attaquerais ma 1ere injection de chimio par intraveineuse.

C’est seulement le dimanche suivant que j’ai pu rentrer chez moi.

Et voilà, comment ma vie a basculé dans un monde qu’on préférerait éviter !
Maintenant, je peux vraiment plus regarder Dr House ou Grey’s Anatomy de la même manière mais j’ai fait de nombreux progrès dans le vocabulaire médical…. Pas contre, ne rêvez pas les filles, j’ai eu beau tester plusieurs hôpitaux, j’ai pas eu l’occasion de rencontrer le docteur Mamour !

Après des débuts très difficiles mais efficaces, la routine médicale se met en place avec des hauts et des bas…pleines d’anecdotes plus ou moins drôle !

Depuis octobre 2017, je suis en rémission complète et je dois faire face à  »l’après ». C’est pas tous les jours facile. Il faut apprendre à s’adapter, à gérer les séquelles et à reconstruire une vie ‘’normale’’. Je suis heureuse et je savoure chaque instant d’être en vie, d’arriver malgré tout à garder un peu d’humour et le sourire (ma plus belle victoire), de continuer à avancer avec mes doutes, mes questions, ma combativité et ma volonté.

Je suis une rescapée, qui a eu la chance de bénéficier de soins adaptés avec des produits probablement pas très écolos mais efficace et des technologies modernes : même hospitalisée et isolée, je pouvais continuer à échanger, discuter, vivre ! C’est inestimable quand on est malade !

Et surtout, à vous tous qui êtes à mes côtés pour m’écouter, m’accompagner, me soutenir, m’aider, me sortir, m’écrire, me téléphoner, me raconter des blagues ou vos quotidiens et tout le reste que j’ai peut-être oublié MILLE MERCIS !!!

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