La greffe de moelle permet de traiter le cancer et apporte dans le cas des lymphomes, de bons résultats. C’est un procédé assez courant dans le cas des rechutes mais pas seulement.
Personnellement, je n’ai pas eu de greffe mais, je sais que beaucoup d’entres vous se posent des questions à ce sujet. J’ai donc essayé de répondre à vos questions, tout en expliquant la greffe (de façon claire, je l’espère….).
- Qu’est ce qu’une greffe ?
La greffe a pour but de détruire la moelle osseuse du receveur (système hématopoïétique + immunitaire) et le remplacer par celui du donneur.
Le donneur se fait prélever des cellules souches hématopoïétiques ; c’est ce qu’on appelle le greffon. Ainsi, la maladie sera contrôlée par le système immunitaire du donneur.
La moelle osseuse ( à ne pas confondre avec la moelle épinière) est un tissu spongieux qui se trouve dans la partie creuse des os. Elle contient des milliards de cellules mères, les cellules souches hématopoïétiques. Elles se divisent et se différencient pour donner les différentes cellules qui composent le sang : globules blancs, globules rouges et plaquettes.
Cela vient du Grec « haima » = sang et « poïesis » = création. Ce qui signifie « renouvellement continu ».
La compatibilité HLA permet d’éviter que les molécules HLA du donneur soient reconnues comme étrangères par les lymphocytes de l’organisme du receveur.
Système HLA donneur → Système HLA receveur
Identification
Si il n’y a pas de différence, la greffe est acceptée ; sinon elle est rejetée.
HLA = Human Leukocyte Antigen / Antigène Leucocytaire Humain.
L’ensemble des molécules HLA d’une personne est appelé typage HLA. Il détermine l’identité des cellules de chaque individu.
Les lymphocytes reconnaissent les molécules HLA. Si elles sont associées à des molécules étrangères à l’organisme (antigène), les lymphocytes vont tenter de les détruire.
Le typage HLA est déterminé par une analyse de sang.
Les cellules du greffon (nouveau système immunitaire) vont reconnaitre les cellules malades comme des cellules étrangères et les détruire.
C’est l’effet GVM = Graft versus Malignacy / Effet du greffon contre la maladie.
2. Dans quels cas fait on une greffe ?
La greffe intervient quand la moelle ne fonctionne plus (elle produit alors trop ou pas assez de cellules) ou produit des cellules malades (cellules cancéreuses = blaste). Elle est proposée si elle donne de meilleurs chances de traitement (ou le seul).
Elle est proposée pour les Lymphomes de Hodgkin et les Lymphomes non Hodgkinien principalement dans le cas de rechutes. Généralement, on la propose aux patients jeunes (moins de 50 ans) avec un mauvais pronostic. Cela permet de reconstituer la moelle et de consolider le traitement.
3. Allogreffe ? Autogreffe ?
Il existe 2 types de greffes : l’Allogreffe et l’Autogreffe.
∗ Qui est le donneur ? Quelles sont ses obligations ?
Le donneur doit être en bonne santé et doit avoir un typage HLA aussi proche que possible du receveur (6 à 10 antigènes spécifiques doivent être compatible). On cherche d’abord dans la fratrie (1 chance sur 4 de compatibilité). On parle alors de greffe génoidentique / donneur apparenté. Si on prend un donneur volontaire du registre, on parle alors de greffe phénoidentique / donneur non apparenté.
Dans certains cas on peut solliciter d’autres membres de la famille ou une personne de la fratrie qui n’est pas compatible à 100%. On parle alors de donneur familial, qui n’a hérité que d’une partie des gènes HLA en commun avec le receveur. Le délai est de 1 à 3 mois. Tous les frais engagés par le donneur sont pris en charge.
Il a l’obligation d’aller au TGI (Tribunal de Grande Instance) pour exprimer et signer son consentement devant un magistrat (qu’on soit apparenté ou non).
En France, le don est anonyme, gratuit et altruiste.
Le donneur est hospitalisé la veille et gardé à jeun le soir.
Le jour de la greffe, le prélèvement est réalisé au bloc opératoire par ponction dans les os du bassin sous anesthésie locale.
Si c’est possible, la greffe a lieu dans la foulée, le jour même. Sinon, elle est congelée puis décongelée le jour de la greffe.
La moelle se reconstitue rapidement dans les heures qui suivent le prélèvement. Le donneur peut sentir une douleur à l’endroit de la ponction pendant quelques jours mais cela reste modéré. Il n’y a aucun risque médical à part celui de l’anesthésie générale.
Pour devenir donneur de moelle osseuse : https://www.dondemoelleosseuse.fr/sites/ddmo/files/files/brochure_8_pages.pdf
Vous pouvez aussi lire (ou relire) l’article : Comment ma soeur est devenue donneur de moelle osseuse
Cliquer pour accéder à brochure_prelevement_moelle_osseuse_vdef.pdf
On peut également avoir recours à une autogreffe. Il faut savoir qu’en France, 80 % des autogreffes sont réalisées pour traiter un cancer du sang (leucémie, lymphome, myélome). Elle est plus fréquente que l’allogreffe car il est difficile de trouver un donneur compatible. De plus, il y a moins de risque de rejet avec ce procédé. Dans ce cas, on recueille les cellules souches périphériques du malade par filtration du sang (= cytaphérèse). Le prélèvement a lieu grâce à une centrifugeuse et dure environ 3h. Ces CSP seront ensuite réinjectées au malade.
∗ Comment se déroule une greffe ?
– Entretien et bilan pré-greffe :
Lors de l’entretien pré-greffe, il est conseillé de venir accompagné mais pas du donneur (si le donneur est apparenté). Tout comme le patient ne doit pas assister à la consultation pré-don.
Un bilan pré-greffe est réalisé avec bilan sanguin, radio, examen cardiaque, etc…
Cela permet aux médecins de faire la comparaison avant / après greffe.
Le donneur fait aussi un bilan pré-don.
Il faut conditionner le patient pour le préparer à la greffe. L’objectif est de favoriser la prise de greffe en détruisant plus ou moins complètement le système immunitaire.
– Le conditionnement :
Durant la 1ère semaine d’hospitalisation, on fait une chimio intensive. Cette chimio à forte dose se fait par intraveineuse et a pour but de détruire les cellules cancéreuses.
Il y a plusieurs types de conditionnements.
– Conditionnement standard myéloablatif :
Le but est de :
– « faire de la place ».
– Traiter la maladie résiduelle.
– Favoriser la prise de greffe.
La moelle osseuse est détruite par chimio ou combinaison chimio / rayon (TBI = Total Body Irradiation) puis remplacée par une moelle saine. C’est proposé en général à des personnes jeunes.
– Conditionnement non-myéloablatif ou atténué :
RIC = Reduced Intensity Conditionning = « mini-greffe »
Conditionnement moins toxique et moins de risques de complications.
C’est proposé généralement pour les personnes âgées ou ne pouvant pas supporter le conditionnement myéloablatif.
– Conditionnement intermédiaire ou séquentiel :
Procédé de plus en plus utilisé.
Le principe est d’étaler les médicaments sur une période de plusieurs jours avec un enchaînement de séquences de différents médicaments.
Après, à l’arrêt du traitement intensif, le patient reste sous surveillance médicale pendant 2 jours. C’est là où l’aplasie est la plus importante.
Le 3ème jour, on fait la greffe.
Il existe 3 sortes de greffons :
– Cellules souches provenant de la moelle osseuse.
– Don de cellules souches sanguines = cellules souches périphériques :
On fait des injections sous cutanés de G-CSF (= Facteurs de croissance qui stimulent la moelle osseuse et fait migrer les cellules souches hématopoétiques dans le sang.
Le prélèvement se fait par les veines grâce à l’appareil de cytaphérèse (Sans anesthésie). Le sang est ainsi prélevé dans une veine du bras qui aspire et va trier les cellules. L’appareil va sélectionner et obtenir les cellules (globules blancs, qui contiennent les cellules nécessaires à la greffe). Après être passé dans l’appareil, le sang (globules rouges et plaquettes) est réinjecté au donneur par une veine dans son autre bras.
Cela dure entre 3 et 5 heures. Dans certains cas, cela peut être sur 2 jours si le premier prélèvement n’est pas assez riche en cellules souches.
– Don de sang placentaire (sang de cordon) :
A la naissance, le sang des bébés contient des cellules souches hématopoétiques en assez grande quantité. Elles sont contenues dans le cordon ombilical et le placenta.
Le prélèvement se fait juste après la naissance. Il est sans risque pour le bébé et la maman.
Le greffon de sang placentaire est plus tolérant. Il présente l’avantage de pouvoir utiliser un greffon qui ne soit pas totalement HLA identique à celui du receveur.
La greffe se fait par transfusion, par voie intraveineuse : les cellules du greffon empruntent la circulation sanguine pour migrer et prendre place dans la cavité des os où elles mettent plusieurs jours voir plusieurs semaines avant de proliférer et se différencier.
Cette période durant laquelle la moelle ne produit pas encore de cellules sanguines est appelée l’aplasie.
Environ 15 à 35 jours après la greffe, on observe l’apparition des neutrophiles. C’est le signe que la greffe a pris.
Le risque d’infection est alors moins important.
Au bout d’environ 1 mois, c’est au tour des lymphocytes de faire leur apparition. Ils ne savent pas reconnaître les molécules étrangères à la naissance ; il faut les éduquer. Cela peut prendre plusieurs mois ou des années….
Enfin, au bout de plusieurs mois, les globules rouges et les plaquettes font leur apparition. En attendant, si besoin, on fait des transfusions.
Durant cette période, on reste en chambre protégée afin de prévenir des infections.
L’isolement en secteur protégé dure entre 3 et 6 semaines.
L’aplasie arrive 8 à 10 jours après le début du conditionnement.
Il y a 4 sortes de chambres :
– Chambre sans filtration d’air :
Chambre individuelle, avec ou sans sas d’entrée. Il n’y a pas de dispositif particulier de traitement de l’air.
– Chambre avec filtration d’air :
Chambre individuelle avec épurateur d’air mobile ou fixe.
– Chambre avec filtration d’air et pression positive :
Air filtré et débarrassé des microbes par un filtre et injecté en permanence dans la chambre.
Il circule de la chambre vers le couloir puis vers l’extérieur du bâtiment. C’est souvent un « sas » ou « antichambre » avec 2 portes.
– Chambre à flux laminaire :
Idem mais l’air filtré est injecté de façon laminaire c’est-à-dire que ça évite aux microbes déposés au sol de retourner dans l’atmosphère.
Souvent le lit est entouré de rideaux transparents.
∗ Quelles sont les contraintes ?
Ne pas pouvoir quitter la chambre.
Précautions pour limiter le nombre de microbes : toute personne qui rentre dans la chambre est soumis à des consignes strictes.
Alimentation visée par une nutritionniste.
Nourriture hautement contrôlée : le goût des aliments est modifié.
Habillement : coton car confortable et résiste à la haute température et à la stérilisation : limiter la contamination microbienne.
Possibilité d’apporter des objets personnels mais attention, ils doivent passer à la stérilisation à haute température !
L’organisme va éduquer les nouvelles cellules immunologiques : les lymphocytes T venant du greffon.
Le thymus procède à une double sélection : il élimine les cellules trop agressives pour l’organisme et celles trop faibles pour le défendre. En gros, il ne garde que les cellules tolérantes à l’organisme.
3 mois après la greffe, on refait l’ensemble de ses vaccins afin de corriger l’absence ou la perte des effets des vaccins précédemment faits.
∗ Le suivi post-greffe :
C’est la période des « Cent jours ».
Au début, après la greffe, le patient est sous étroite surveillance 1 à 2 fois par semaine.
Puis, ces rendez vous s’espacent à tous les 15 jours, puis 1 fois par mois, puis moins.
∗ Les complications :
Dans certains cas, il est possible de faire un rejet de la greffe (c’est assez rare). Cela arrive quand les nouveaux globules blancs ne reconnaissent pas le nouvel organisme dans lequel ils se trouvent ; ils le considèrent comme étranger. Dans ce cas, un traitement par immunosuppresseurs est prescrit pendant des années. Si la greffe ne prend pas, on peut faire un 2ème essai.
Témoignage de Céline :
Je suis arrivée en chambre le 21 juillet 2016 .. suite à une rechute le 22 décembre 2015 , mon hématologue décide de mettre en place de nouveaux protocoles .. 4 cures de chimios intensif qui se déroule sur 3 jours pour me mettre en Rémission et pour pouvoir être greffer ! ( la rémission avant la greffe est la meilleure des situations ) après mes 4 cures malheureusement un ganglion persiste ., mon hémato décide de mettre en place 4 séances d’adcétris … de l’immunothérapie qui semble obtenir de très bons résultats concernant le lymphome ! En effet , j’en suis la preuve .. l’adcétris à éliminer totalement le ganglion persistant !
Puis la date de la greffe est enfin posé .. me voici enfermée entre 4 murs pendants de longues semaines loin de ma fille de 4 ans ..
Je commence la chimio le soir même .
La méthode BEAM qui se déroule sur 4 jours .
Suite à cela , un jour de repos !
Et le lendemain de celui ci , la greffe !
Il nous injecte nos propres cellules souches prélevées auparavant qui ont été congelées ..
L’acte en lui même dure 1heure à peu près .. une fois cette acte fait , il y a » plus » qu’à attendre l’aplasie .. les effets secondaires ont été très difficile a gérer . Pour ma part , mon foie et mes reins ont mal vécu la toxicité des traitements qui m’a coûté un séjour de 5 jours en réa .. j’ai trés mal vécu cette période de ma vie .. l’absence et le.manque de ma fille à été trés difficile également !
Je suis sorti de ce que je qualifie de ma renaissance le 12 aout 2016 !
Témoignage de Véronique :
J ai été autogreffé le 23 mars et 1 mois et demi après j ai toujours pas repris l alimentation (nausée, goût de ferraille dans la bouche) diarrhées et je vous raconte pas mon état esthétique (noirceur a toutes les jointures aine, bras, sous les seins et quand j en parle à mon hématologue , son dialogue PATIENCE.
Ci dessous, des brochures que vous pouvez télécharger :
♦ Le guide fait par France Lymphome Espoir :
Cliquer pour accéder à livret-greffe—edition2016.pdf
♦ Et la version pédiatrique :
Cliquer pour accéder à livret-allogreffe-pediatrie-2016.pdf
♦ Le guide de l’hôpital St Louis (Paris) destiné aux patients et à leur famille (Il date un peu donc certaines infos ne sont surement plus d’actualité….. )
Cliquer pour accéder à Trèfle3.pdf
N’hésitez pas à réagir et à me contacter si j’ai oublié des choses ou si vous souhaitez que je complète l’article.
Sources :
http://www.francelymphomeespoir.fr
http://www.lymphoma.ca
http://www.dondemoelleosseuse.fr/
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