Interview n°51 : Antoine

Vous savez à quel point j’aime vos témoignages et je sais qu’ils sont très inspirants pour beaucoup d’entres vous. J’attendais ce témoignage avec beaucoup d’impatience car il est très positif.  J’ai « rencontré » (virtuellement) Antoine fin 2018, au tout début de ses traitements et depuis il m’épate tous les jours par son courage, sa volonté et sa bonne humeur !

Antoine c’est une force de la nature ! Il est l’un des premier à avoir rejoint l’équipe de sportifs créée par France Lymphome Espoir « LymForm’Espoir »* et ne manque pas une occasion de représenter l’association.

Il est l’exemple parfait que l’on peut avancer et avoir de beaux projets malgré la maladie et qu’il ne faut pas baisser les bras. En plus, aujourd’hui est un jour important pour Antoine ; Je vous laisse découvrir son histoire.

– Peux-tu te présenter en quelques mots ?

 Je m’appelle Antoine Scortatore, j’ai 23 ans, j’habite Bordeaux et je suis sous-officier dans l’armée de l’air française depuis maintenant plus de 7 ans. J’ai débuté la course à pied il y a 7 ans et le triathlon il y a 3 ans, spécialisé dans la longue distance, et licencié au club d’athlétisme de Mérignac, le SAM.

  – Quel lymphome as-tu?

  J’ai eu un lymphome hodgkinien de stade 2, localisé principalement au médiastin et au niveau de la clavicule droite.

  – Quand et comment as-tu découvert la maladie ?

 J’ai découvert la maladie en septembre 2018, à mon retour d’une mission. Des ganglions étaient visibles au niveau de la clavicule droite, j’ai donc fait beaucoup d’examens médicaux, j’étais en pleine prépa pour le marathon de La Rochelle où je devais passer sous les 3h. Le jour de course je savais plus ou moins qu’il s’agissait d’un cancer, je me suis battu contre le vent, la pluie, la maladie : 2h59’33’’

J’ai ensuite fait une biopsie, qui a révélé un lymphome hodgkinien classique. C’était début décembre 2018.

  – Quel traitement as-tu eu ?

J’ai eu un traitement de chimiothérapie en 3 cycles d’ABVD, avec un TEP-SCAN de contrôle à mi-parcours qui s’est révélé complètement vierge. J’ai ensuite enchaîné sur 17 séances de radiothérapie.

Traitement bonus : en 139 jours de traitement, j’ai accumulé 1252km de course à pied, 2187km de vélo, un peu de natation malgré tout, et beaucoup de renforcement musculaire. Pour moi, l’activité physique durant le traitement d’un cancer est primordiale, de la simple balade a l’ultra marathon, chacun à son niveau, bouger me semble le point clé pour donner à son corps une dynamique, et à son cerveau le mental et la force de combattre.

– Comment ça s’est passé ?

J’ai plutôt bien toléré la chimio, grâce au sport j’en suis convaincu. Toutes les injections ont eu lieu un vendredi, j’avais de sacrées nausées pendant 48h en moyenne, je ressentais le besoin de manger toutes les 3h maximum et le sport annulait tous les effets secondaires.

J’ai continué mon entraînement quotidien, voir bi-quotidien, sauf les jours de traitement où je ne faisais qu’un footing en sortant de l’hôpital. Je n’ai presque pas eu d’effets secondaires, à part des nausées les deux jours suivant l’injection, des fois absolument rien. Je n’ai pris aucun complètement alimentaire ni soin particulier, juste le sport ! D’ailleurs je ne prenais que les médicaments nécessaires, parfois les anti nausées, parfois rien du tout.

La Bléomycine m’a quand même brûlé la peau, principalement dans le dos, mais les marques s’atténuent petit à petit.

La radiothérapie est passée comme une lettre à la poste : R.A.S !

Aucun traitement n’a eu raison de mes cheveux, ni de mon bronzage de triathlète !

– Comment as-tu vécu cette période ?

J’ai plutôt bien vécu cette période, j’avais même l’impression d’avoir la vie d’un sportif de haut niveau, comme me l’a bien fait remarquer Anaïs, championne de marathon et survivante du cancer ! J’en profite d’ailleurs pour la remercier pour son soutien.

En effet, mes journées étaient souvent rythmées par un réveil à 9h, un bon petit déjeuner, une première séance de sport, une douche, de la récupération (massages, assouplissements,…) un déjeuner, une micro sieste, puis un deuxième entraînement l’après-midi, avant de me re-consacrer à la récupération pour recommencer le lendemain.

J’ai aussi ressenti le besoin de faire tout ce dont j’avais envie, et de profiter de la vie comme jamais, je me suis d’ailleurs retrouvé une fois à me coucher à 4h du matin et me réveiller à 6h30 pour partir en chimiothérapie !

(Je déconseille fortement!!!!)

  – As-tu été soutenu, entouré ?

Je n’en ai pas ressenti le besoin, mais je savais que ma famille et mes amis étaient présents quoi qu’il arrive, et je pense que ça m’a fait du bien mentalement. Je les remercie d’ailleurs, toute ma famille, mes collègues, amis, mon coach. Pour moi, c’était à moi de les rassurer et d’être présent. J’ai voulu les préserver de tout ça, les voir souriants me faisait le plus grand bien, alors pourquoi les inquiéter ? J’ai 23 ans, je n’allais pas me laisser aller quand même !

– As-tu rencontré d’autres personnes malades avec qui partager ?

 Oui, malheureusement trop peu dans le même état d’esprit que moi je pense. Ça a tout de même été très enrichissant d’échanger avec les patients et les soignants, qui ne comprenaient pas toujours mon fonctionnement…

– Et maintenant où en es-tu ?

Maintenant je suis en rémission totale depuis le 14 mai 2019, et toujours en entraînement ciblé, car la compétition a déjà repris et les objectifs sont grands!

Le jour de ma rémission j’ai ressenti un grand vide, un manque d’objectif, je n’avais plus à détruire cette maladie, c’était fini. Il me fallait un nouvel objectif, un truc dingue : je me suis inscris au half marathon des sables au Pérou qui aura lieu en décembre.

C’est un UltraTrail de 120km en autosuffisance alimentaire dans le désert Ica. Je le ferai avec Théa, une adorable enfant de 10 ans atteinte d’une tumeur cérébrale, qui aura sa photo floquée sur ma tenue. Elle a une force et un mental immense, je l’admire.

Je suis également de retour sur mon détachement dès le 3 juin 2019.

– Est-ce que le lymphome a changé ta vie ? A quel niveau ?

Oui, à plusieurs niveaux. Et je n’y vois que des bons côtés bizarrement !

Je me sens invincible, j’ai acquis un mental prêt à tout, et j’ai même passé un cap en course à pied, avec un record sur 10km pendant mes chimios, 2 records consécutifs sur 5km pendant la radiothérapie, et j’ai partagé avec ma sœur son record sur le marathon d’Albi, c’était magique !

Maintenant, j’ai en ligne de mire un record perso sur Ironman 70.3, et un 400km de vélo avec une personne aussi folle que moi!

Sur le long terme, je rêve d’une qualification au championnat du monde Ironman à Hawaï, et je vais m’en donner les moyens.

Pour finir, je ne souhaite à personne de vivre ça, ces traitements sont destructeurs, mais c’est bien eux qui m’ont sauvé. Quitte à le vivre, il faut le vivre avec force et mental, comprendre la maladie pour mieux l’éliminer, et vivre chaque instant avec passion, la Vie est Magnifique.

Ça n’arrive pas qu’aux autres, et on le réalise lorsqu’on est au pied du mur.

Relativisons, nous sommes Vivants!!

Merci à ma famille, mes amis, qui ont partagé mes pleurs et mes joies, merci à ces inconnus qui m’ont soutenu, merci à l’association FRANCE LYMPHOME ESPOIR ainsi qu’à toute l’équipe de soignants de L’ONCOPOLE DE TOULOUSE qui ont été particulièrement géniaux, on a même rigolé, ils travaillent dans l’ombre mais ils sont magiques.

C’est terminé, et j’en ressors la tête pleine de projets et d’envies !

Vous pouvez suivre Antoine sur Instagram https://www.instagram.com/iron_toinou/ ou Facebook https://www.facebook.com/AntoineScTriathlon/

Un grand merci à toi Antoine pour ta bonne humeur et tes story Instagram où il fait toujours beau (surtout quand il fait moche à Paris). Et je sais que tu as encore pleins de beaux projets en tête et qu’on en aura avec notre équipe LymForm’Espoir….

* Pour ceux qui veulent rejoindre l’équipe « LymForm’Espoir et représenter l’association (quelque soit votre sport) envoyez un mail  à noemie.rotrubin@francelymphomeespoir.fr

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